L’écologie en Occident
Définie comme une science qui a pour but d’étudier le rapport entre les être vivants et l’environnement dans lequel ils vivent, l’écologie désigne également un « mouvement de pensée […] dont l’objectif est d’intégrer les enjeux environnementaux à l’organisation sociale, économique et politique. » (définition prise sur le site « Plateforme de l’engagement RSE et développement durable »).

Du tri des déchets, en passant par une consommation plus responsable des produits alimentaires (en privilégiant les courts circuits, les légumes et fruits de saison, etc.), en créant nos propres produits cosmétiques et ménagers, en favorisant le covoiturage pour limiter les émissions de CO2 et de ce fait, moins polluer, les gestes que les « écolos » d’Occident font, au quotidien, sont nombreux.
Impressions
Ces dernières années, j’ai ressenti moi aussi une sensibilité croissante en ce qui concerne la « cause écologique ». De ces démarches, ma famille et moi, essayons d’en faire notre credo et de les transmettre à nos enfants, que nous souhaitons élever en citoyens responsables et respectueux de ce que la Terre a à nous offrir.

De retour en Roumanie pendant l’été 2019, après neuf ans d’absence, il est fort de constater que du point de vue écologique, selon mes observations dans la campagne roumaine, mais aussi en ville, des efforts sont encore à faire. Lors de randonnées dans des coins sauvages, incroyablement beaux, j’ai constaté, avec déception, les amas de déchets laissés dans la nature, dont personne se soucie ! Tout autant que devant des sites touristiques très fréquentés !
Dans un pays ayant vécu la dictature, fermé sur l’extérieur pendant des décennies, où nombre de choses sont à (re)construire et à réfléchir de façon durable, de tout point de vue, nous pouvons imaginer que la cause écologique n’est pas la priorité sur la liste des politiques menées. Et pourtant ! Voici quelques exemples de situations vécues, qui en disent long sur le respect que les roumains ont, de façon générale, pour la Terre.
A l’ombre des hêtres
Loin de la pollution des grandes villes d’occident, les paysans se déplacent encore dans des charrettes en bois (căruță), tirées par des chevaux ou des vaches. Les produits qu’ils consomment sont tous issus de circuits très courts puisque le producteur c’est souvent le paysan lui-même ! Un autre exemple avec le fromage : les brebis et les chèvres des habitants sont accueillies dans des bergeries (stână, en roumain), du printemps jusqu’à l’automne. Des bergers (ciobani) s’occupent des troupeaux et livrent les fromages dans les villages. Quelle belle expérience, celle de montrer à nos enfants le berger qui arrive sur sa charrette et dépose ces fromages, à saler et à préparer pour les mois à venir : bel moment de partage et d’intime convivialité, aux côtés de ma grand-mère.

À côté du champ de maïs que ma famille cultive depuis des générations, la vache, les flancs bien tendus par l’herbe ingérée, broute paisiblement.
Mes grands-parents ont eu la chance de pouvoir moderniser leur maison et avoir de l’eau courante dans leur cuisine et leur salle de bain, fraîchement construites. Je me rappelle encore, enfant, patauger dans les flaques devant la « cişmea » (installation à l’extérieur d’une maison, dotée d’un robinet et reliée à un puits, nécessaire à emmener l’eau courante) ou les seaux portés par mon grand-père, à longueur de journée, pour abreuver ses animaux. Ce qui dans nos maisons en France nous paraît presque banale, dans la campagne roumaine est encore considéré comme un « luxe ».
Une petite cabane en bois, au fond du jardin, en guise de toilettes et des bains dans une bassine, représentent le quotidien de nombreuses familles. Pendant mes réflexions sur le sens de la vie (et de l’écologie, une fois de plus!) mon grand-père vient me rappeler que rester sous la douche pendant une demie heure, fait baisser le niveau de l’eau dans le puits qui alimente la salle de bain. Sous le soleil brûlant d’un mois de juillet en Roumanie, ne pas avoir assez d’eau pour sa vache, source de nourriture, signifie ne pas être écoresponsable !

Dans nos pérégrinations en Roumanie, nous avons été conviés à une promenade sur le domaine familial. Parmi les champs de céréales, les pâturages et les vergers, la propriété compte également un petit bois, dans lequel, avec parcimonie, mes grands-parents peuvent prendre le nécessaire pour se chauffer, en hiver. Je garderai en tête l’image de mon grand-père s’appuyer contre un jeune hêtre : « Ici, il y a beaucoup de bois, vous avez de quoi faire, longtemps après ma mort. Mais comme il m’a été transmis par d’autres avant moi, je vous demande de faire attention et de préserver cette ressource, pour la transmettre à votre tour, à vos enfants! ».
L’écologie, entre traditions et modernité
Les mots de mon grand-père résonnent en moi et me font vibrer : oui, la sensibilisation au tri des déchets a du chemin à parcourir, en Roumanie, mais il faut retenir le respect de la nature, des animaux, qui prime sur tout le reste et qui est à la base de toute démarche entreprise pour sauvegarder notre planète. À côté de mon feuillet explicatif sur le tri des déchets, bien accroché à mon frigo, je garde maintenant les paroles remplies de bon sens et de sagesse de « tataia » (=papi).

Le sens de l’écologie « à la roumaine » est celui des valeurs transmises par mon grand-père. Mais ce sont aussi tous ces femmes et hommes, qui sillonnent les routes, la fourche et la faux sur leurs épaules, durant la période de la fenaison. Par ci, par là, des engins font leur apparition, pour alléger la dureté du travail, pour apporter une touche de cette modernité qui est presque insolente. Mais la campagne roumaine résiste, en gardant l’Homme au plus près de la terre qui le nourrit, comme une mère bienveillante. Reste à savoir si les générations futures sauront sauvegarder la planète et avec, les traditions transmises par les ancêtres.

Image à la une : Image par ejaugsburg de Pixabay
Laura Andreea Trichard