Il y a 100 ans, en Roumanie, mais aussi dans le monde, la musique était un luxe. Aujourd’hui elle est partout : dans nos maisons, dans nos voitures, sur nos écrans, dans les hôtels, dans les restaurants, dans les parcs …
Contrairement aux générations antérieures, nous vivons aujourd’hui l’époque d’une communication sans frontières. Mais aussi l’époque de la surabondance de sonorités. Si à l’époque la musique était un privilège pour les plus fortunés, aujourd’hui elle est accessible à tout le monde et cela instantanément. Nous vivons l’époque où tout est à portée d’une touche d’écran tactile ou d’un clic de souris.
Grâce aux nouvelles technologies, tout le monde, roumains ou étrangers, peuvent produire des musiques dans leurs chambres à coucher. Mais les chances d’être écoutés et aimés sont évidemment moindres.
Pourquoi ?
L’internet n’a pas seulement démocratisé l’accès à l’information. Il a eu aussi comme effet direct de créer de l’abondance. Par conséquent, produire et partager de la musique, de nos jours, est relativement facile. Mais nous n’avons ni assez de temps, ni « assez d’oreilles » pour tout écouter…
En Roumanie, du juin à septembre, espaces verts, parcs, terrasses, restaurants, sont tous propices à la musique et des nombreux festivals gratuits vous feront les yeux doux…
Mais avant de vous présenter les styles musicaux et les artistes potentiels que vous pouvez retrouver très souvent sur les scènes roumaines aujourd’hui en Roumanie, permettez-moi de remonter un peu le temps et de vous présenter l’évolution de la musique en Roumanie ces dernières années.
Quel intérêt ?
Premièrement pour mieux comprendre les histoires des artistes qui seront publiées par la suite sur notre site. Deuxièmement, parce que lors de ces festivals et ces récits potentiels, la tendance est de revenir sur leurs précédentes œuvres.
La musique en Roumanie avant les années 89
J’ai grandi au pied de la montagne, dans une région connue sous le nom de la Vallée du Jiu. Jusqu’en 1989, en Roumanie, ou du moins dans la région où j’ai grandi, pour le roumain lambda, il n’existait aucune ouverture sur le monde extérieur. Aucun morceau démocratique n’était diffusé à la télévision durant la période communiste. A la radio les morceaux étrangers se faisaient extrêmement rares.
Durant la semaine, à la télévision, en plus d’interminables conférences patriotiques qui passaient en boucle, on avait seulement droit à quelques poèmes, odes ou chansons patriotiques à la gloire du Ceausescu et du parti communiste.
Quelques films et morceaux produits par des artistes roumains passaient parfois les weekends. Je me plaquais comme une dingue devant notre veille télé, impatiente de voir quelque chose de diffèrent, quelque chose de nouveau… Personnellement, je ne connaissais pas un autre monde que le nôtre. Un monde de terreur et de contrôle excessif et où « l’art démocratique » n’avait pas sa place. Nous avons donc découvert assez tardivement les œuvres artistiques des étrangers. Et l’industrie de la musique roumaine était avant les années 90 presque inexistante.
Je me rappelle aussi que pendant toute la période de domination communiste, l’enseignement en vigueur ne nous encourageait pas à favoriser les arts ou à réfléchir. Seules les mathématiques étaient valorisées par mes professeurs. Ceux qui n’avaient aucune prédisposition particulière pour ces matières n’avaient pas beaucoup de sources d’inspiration de disponible pour s’investir et concrétiser leurs véritables talents.
La musique après les années 90
C’est surtout grâce à MTV, transmis chez nous aussi après la révolution (à partir de 1992), que le public roumain découvre les hits étrangers connus de l’époque. Des hits comme « Coco Jambo » (Mr.President), « Ice Ice Baby » (Vanilla Ice), “Listen To Your Heart” (Roxette), “Celebration” (Fan Factory), …mais aussi beaucoup de Michael Jackson, envahissent les oreilles des roumains.
Ces rythmes ont tout de suite capté l’attention des jeunes. Fascinés par ces cadences, certains compositeurs passionnés roumains se sont mis, eux aussi, à écrire et produire des musiques. Mais le manque de théorie et d’éducation musicale pesait souvent les producteurs.
Les années 1990 – 2000, représentent donc pour le roumain lambda, le début des découvertes et du renouveau. Une « ère » nouvelle faite de lucidité. On devient de plus en plus conscients du décalage entre notre pays et le reste du monde, des injustices et des souffrances subies par le pays. C’est le début de la modernité.
Les années 1990 – 2000 représentent également la renaissance des arts et surtout de l’industrie musicale. Une explosion de groupes d’artistes font leur apparition et commencent à explorer des territoires nouveaux. Plusieurs styles comme la Hip Hop ou la dance vont révolutionner le secteur en devenant très populaires. La pop, elle, devient plus libertine, plus sexy, plus dynamique, plus « colorée en termes de langage ». Soudain, la musique rompait avec les « traditions communistes » et de plus en plus d’artistes tentaient de raconter leur monde différemment. Même le style des artistes était différent.
Bref, la musique d’après les années 1989, était principalement celle de la lucidité, de la prise de conscience, du manque, de la souffrance, du désir, des souvenirs et des déceptions. Mais aussi de la souffrance amoureuse, ou de la colère envers les politiques restes aux commandes du pouvoir du pays.
Les difficultés des artistes
1990 -2000 sont donc pour l’industrie musicale les années de la régénération, mais l’industrie est à ses débuts et les budgets sont limités. A titre d’exemple, les morceaux qui étaient bons étaient mis en vente tout de suite sous forme de cassettes sur les stands de petits marchands des petits marchés de quartier. Le public, lui, décidait si oui ou non il achète la cassette. Mais seulement juste après avoir écouté quelques petits morceaux en plein air sur les marchés. De cette façon l’artiste n’avait pas besoin de radios et de télévisions pour se faire connaitre et toucher « la gloire ».
Les studios d’enregistrement font eux aussi leur apparition, mais seule une petite élite fortunée avait accès aux équipements performants et aux salles de spectacle bien dotées.
Vers la fin des années 1990, début 2000, l’émotion et la violence des sentiments ambivalents est de mieux en mieux mise à nu.
A côté des titres étrangers populaires de l’époque, des musiques roumaines assez entraînantes, parfaitement adaptées pour les discothèques, commencent pour la première fois, elles aussi à occuper les têtes de Tops de spécialité comme MTV. Et il y en avait pour tous les goûts.
Les groupes qui ont marqué l’industrie après les années 90
Curieux de découvrir les groupes et les artistes qui ont marqué la musique roumaine après la domination communiste ?
Voici une petite liste de titres qui ont à la fois bouleversé et changé le paysage musical roumain après les années 1989 :
1. N&D – apparition du groupe 1999 (groupe déchiré aujourd’hui)
« Vino la mine » une chanson d’amour sur la séparation, mais aussi la chanson de l’année 1999.
2. Andrè – apparition du groupe 1998 (groupe déchiré aujourd’hui)
« Libera la mare » (lancement 1999) – une chanson sur les préoccupations estivales de la jeunesse (liberté, divertissement, séduction, individualité, sexe).
3. 3rei Sud Est (ou 3 Sud Est) – apparition du groupe 1998 ( la troupe continue encore à produire)
« Amintirile » lancement en 1999. En 2000, cette chanson reçoit le grand toffee du Festival de la Musique de Mamaia – une chanson sur la souffrance et la déception en amour.
4. Genius – (groupe formé en 1996, mais déchiré en 2001)
« Macho Man » – apparition 1999, une chanson sur les préoccupations de la jeunesse (jeu d’amour, divertissement…).
5. B.U.G. Mafia (un groupe de hip-hop roumain, formé en 1993)
« Poveste fara sfarsit » – une chanson sur les difficultés de la jeunesse habitant dans les quartiers pauvres et les violences urbaines.
La liste de tous ceux qui ont contribué au renouveau de la musique roumaine est en fait beaucoup plus longue et tous les artistes méritent d’être désignés. Je les présenterai sans aucun doute dans mes autres articles.
Mes conclusions sur l’évolution de la musique roumaine
L’industrie de la musique roumaine a beaucoup évolué ces dernières années. Mais ce qui m’étonne un peu aujourd’hui, c’est de percevoir cette tendance actuelle,… de regretter un peu ces années de musiques variés… Et on surprend de plus en plus de prestations qui mettent en valeur les morceaux de ces années-là.
Et chez vous, quelles sont les tendances ?
Mariana Antoneag,
Références :
Images : Pixabay
Sources : Wikipédia