Toutes les cultures possèdent leurs rites funéraires plus ou moins rattachés à la religion. Et si l’automne est souvent choisi par les chrétiens pour célébrer la mort, c’est parce qu’il marque la séparation entre l’été, symboliquement à l’agonie, et l’hiver qui la représente : la mort de la nature d’abord, et puis dans cette luminosité réduite, propice à la mélancolie, nous sommes censés faire preuve de plus de respect envers nos défunts.
Cependant dans certaines régions du monde, voulant exorciser la mort, des coutumes différentes s’y opposent. C’est le cas d’Halloween, bien sûr, prétexte à plaisanteries. Ou encore en Inde pour les hindous, où la mort n’est pas considérée comme un événement dramatique, mais comme un passage libératoire et nécessaire, (en fonction, bien sûr, des croyances associées à la condition des morts).
En Roumanie, la tradition, ne fait pas du mois de Novembre un mois spécifique pour célébrer les morts. Mais les roumains vont plutôt régulièrement le samedi aux offices. Et cela surtout lors des différentes cérémonies comme Pâques, la résurrection du Christ et de la nature.
Le printemps, est aussi un passage entre les deux états. Le « martisor », (prononcer marte-si-chor) est une pratique du 1er Mars, classée au patrimoine immatériel de l’Unesco !!!, qui consiste pour les garçons à offrir une petite broche, accompagnée d’un fil torsadé blanc avec un rouge, qui symbolise le printemps victorieux sur l’hiver . Un Martisor offert, afin de porter chance aussi… le béguin…).
Pas la peine de vous dire que nous, les français, même avec notre french kiss, question romantisme, à côté, nous jouons dans la cour des petits !
Par contre les roumains respectent encore beaucoup leurs morts et les honorent : lors des enterrements d’abord et de la période de deuil; mais aussi régulièrement, par des offrandes en nourriture et libations (appelées « coliva »).
Selon la croyance, les morts effectuent un long voyage dans l’au-delà, avant d’atteindre leur lieu de repos. Un voyage à affronter, pour lequel il leur faudra des outils : des pâtisseries peuvent être façonnées ainsi ; mais aussi des vivres, qui de toutes façons seront restitués aux vivants, (d’autant plus, dans la mesure où les morts seront gâtés).
Même si… modernité gagnant, les cimetières deviennent semblables à ceux que l’on trouve en France, (par exemple, ornés de pierres tombales et de monuments), les roumains entretiennent et fleurissent assez bien des tombes traditionnellement humbles, (souvent des croix à même la terre).
A Sapanta, au nord de la Roumanie, région des Maramures, on trouve un lieu très différent. Une sorte de jardin fleuri, coloré, et où la mémoire des défunts est particulièrement entretenue par des croix en bois peintes. Mais la particularité de ces croix c’est qu’elles racontent la vie du mort, son métier, avec humour, en poésie ou quelques anecdotes à son sujet.
Avouons-le! Pour un poète, cela donne envie de fréquenter l’endroit …
Ce lieu, le cimetière de Sapanta (d’après le nom de son créateur en 1908), est d’ailleurs surnommé le « cimetière joyeux », ou cimitirul « Vesel ». Pour une somme modique, on vous fabriquera même votre croix.
Le mieux serait de préparer vous-même votre « épitaphe ». Et vous y gagnerez un peu d’éternité. Car si vous laissez les autres le faire, mieux vaut avoir été en tous points irréprochable : en Roumanie les morts ne sont pas forcément pardonnés !
Sinon, vous pouvez visiter simplement cet endroit charmant, lieu de vie et de partage qui réconcilie les vivants et les morts. Et de plus, vous instruire autant qu’au Père Lachaise.
Une bonne idée d’excursion non ? Puisqu’il faut tous un jour partir…
A mon frère Thierry et à tous les roumains,
D’os et d’eau
*
Ce que le corps contient
Ce qui restera de plus fin
De mon amour lorsqu’à la fin …
Sera brûlé tout mon chagrin !
*
Oh ! De bonne composition !
Je vois la vie comme un cadeau !
Mais de mauvaise constitution !…
S’il faut le porter sur son dos …
*
Des cendres …
Qu’il vous faudra alors épandre …
Lorsque ce que j’ai de plus beau
Hélas ! sera parti … en haut …
*
Le jour où vous aurez, ballot !
D’un malheureux coup de plumeau
De mon tombeau brisé le vase …
J’aurai, moi, depuis … mis les gaz !
*
Reviendrai-je à la pluie bientôt
Désaltérer les piccolos ?…
Lorsque vos lèvres dans cette onde
Y boiront un peu de mon monde …
*
Pat le 17/11/2018
Références:
Image à la une : Photo par falco sur Pixabay
Journals.openedition.org
Simondaval.fr
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