Nombreuses sont les personnes qui ont tenté l’expérience de s’inscrire sur un site de rencontres pour trouver l’âme sœur, pour trouver l’amour, le vrai, enfin.
Curieux de rencontrer des gens différents, des gens qui n’auraient jamais croisé leur route dans la vraie vie, Stéphane (jeune français) et Adelina (jeune roumaine), ont tenté le pari de la rencontre virtuelle. Et cette rencontre virtuelle a profondément bouleversé leur vie sentimentale. Aujourd’hui, Stéphane et Adelina, forment une très belle famille et ils ont ensemble 4 petits garçons.
Pour connaître plus en détails cette expérience de vie, j’ai demandé à Stéphane de partager avec nous son vécu et j’en profite ici pour le remercier : « je vous suis très reconnaissante pour le temps et les efforts que vous avez pris pour la rédaction de ce texte. Du fond du cœur, Merci à vous Stéphane ! »
Voici les mots que Stéphane nous a confiés :

« Rencontre particulière avec une beauté des Carpates »
Juin 2007 : je m’inscris sur un site français de rencontre, pour parler à des femmes francophones ou anglophones. J’avais 30 ans à l’époque, et besoin de parler de mon père gravement malade, (qui décédera avant ma rencontre avec Adelina).
Au même temps, Adelina (25 ans à l’époque) s’inscrit, elle aussi, sur la version italienne du même site.
Notre première rencontre virtuelle
Le 20 août 2007, le site matche nos profils. Pensant que je suis italien, Adelina m’écrit donc en italien. Je lui renvoie un mot en anglais, expliquant que je ne peux répondre qu’en français ou en anglais. Je quitte mon travail ce jour-là, avec une folle envie de parler à cette belle jeune femme de l’Est. Arrivé à la maison, je crée un profil sur Yahoo pour pouvoir discuter avec caméra et microphone. On se voit donc pour la première fois, pleins de choses dans ma tête, comme dans la sienne.
Soudain une forte envie d’entendre sa voix me presse. Je lui demande de ce fait, son numéro de téléphone et nous débutons notre première conversation en anglais. J’étais littéralement sous le charme. Les jours suivants, nous échangeons à nouveau via messenger durant toute la nuit.
Je devais aller en Angleterre voir ma marraine 10 jours après, quand ma mère m’a dit :
« Stéphane, je ne t’ai jamais vu comme ça. Tu devrais y aller pour la rencontrer ! »
Mon père m’avait dit, lui aussi, qu’ainsi, je ferais quelque chose que je n’aurais jamais fait. Donc, au lieu de préparer mon vol pour l’Angleterre, je fais ma réservation des billets pour Bucarest.
J’adore faire des surprises. J’envoie, donc entre temps, des fleurs au domicile d’Adelina. Quelle joie elle a ressenti en les voyant !
Première rencontre réelle
J’arrive pour la première fois en Roumanie, rempli d’émotions, le 1er septembre 2007 : premier vol pour Rome, puis le second pour Bucarest.
Lors de mon arrivée à l’aéroport d’Otopeni et de l’ouverture des portes sur le hall d’accueil, je reconnais les parents d’Adelina (Tata et Mama), vus par webcam. Mais je n’arrive pas à identifier Adelina de suite et pour cause : les photos reçues et la qualité des images de l’époque, m’avait en partie caché cette magnifique brune en jupe noire et petit haut, qui était juste à leur côtés.
L’émotion est partout. Le père d’Adelina (Tata), fait deux fois le tour avant de trouver la sortie. J’avais l’impression de me trouver déjà à ma place, tel un membre de la famille de retour après un long séjour à l’étranger. Les premiers instants ensemble, confirmèrent ma pensée : Adelina était la femme de ma vie !!!

Des courses spéciales
Le lendemain, le 2 septembre, au programme, découverte de Bucarest et rencontre du frère. Puis dans l’après-midi, une envie de franchir un pas. Mais comment le faire dans une ville inconnue ? Je me vois donc obligé de dire à Adelina que je veux faire des courses spéciales. Nous partons seuls vers le Plaza Romania sector 6.
Arrivés sur place, je lui fais voir que je veux lui acheter une bague de fiançailles, et lui demande de choisir celle qui lui plaît. Son regard et son doigt ne vont pas dans la même direction. Je choisis donc celle du regard.Dans le hall d’accueil du centre commercial, il y a une statue de la tour Eiffel (signe du destin), devant laquelle je lui demande à genoux sa main et lui passe la bague ; elle en fait autant pour moi.

Le retour se passe au son de mes tentatives d’annoncer à mes parents roumains, la merveilleuse nouvelle : « Mama, Tata, noi suntem logoditi – (Maman, Papa, nous nous sommes fiancés !) ». Facile aujourd’hui, mais pour un français arrivé depuis un peu plus de 24h, beaucoup moins.
Pour immortaliser l’instant, je demande officiellement la main d’Adelina à Tata (le père d’Adelina). Les traditions et le respect font partie de mon éducation. La joie et les pleurs sont au rendez-vous !!
Le début de notre vie à deux
Le lendemain, mon anniversaire est fêté en présence de la famille, (tous les membres de la famille sont venus voir ce français qui débarque, un vrai conte de fées, comme a dit l’une des cousines d’Adelina). Le lendemain, nous partons en amoureux pour Sinaia, une superbe station de montagne où se trouve un magnifique palais de la famille royale.

Ces trois nuits furent le début de notre vie à deux. Retour à Bucarest et préparation au départ pour la France sans ma iubita (mon amour) le 08 septembre 2007 ; un réel déchirement lors des « au revoir » à l’aéroport qui nous poussent à accélérer sa venue en France.

Le 06 octobre 2008, je reviens à Bucarest pour enlever ma belle à sa famille. Les au revoir sont difficiles et remplis d’émotions, Adelina n’ayant jamais pris l’avion en arrivant dans l’inconnu en France, à Beauvais, le 08 octobre 2008. Accueillie par ma famille comme une fille de la famille avec des fleurs, Adelina demande à ma mère son accord pour notre futur mariage. Nous partons visiter la Normandie et le Mont-Saint-Michel pour quelques jours.
Une seule et même famille
L’anniversaire de ma mère, le 14 octobre, permet la rencontre du reste de ma famille et la découverte d’un heureux événement qui arriva avec un mois d’avance, le 18 juin 2008 : notre premier fils Jorris.
Naturellement, nous avons fait les choses bien, avec le mariage civil et religieux le 15 mars 2008. Cela a permis la rencontre entre ma famille et la sienne, devenue depuis, une seule et même famille.

Le décès de ma mère me rapproche naturellement de mes beaux-parents, qui sont devenus pour moi les seconds parents qui m’ont été accordés par Dieu. Nous avons gardé chacun notre religion même si elles sont très proches.
Une vie différente
L’été 2009 a été pour nous, une formidable aventure. Nous sommes partis pour la première fois en voiture vers Bucarest via la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie puis enfin la Roumanie. Nous sommes entrés par Nadlac, puis Arad (arrêt devant la gare), Deva, Sibiu, Ramnicu Valcea, Pitesti et enfin l’autoroute. Eh oui, pas d’autoroute comme aujourd’hui à l’époque. Nous avons découvert la Roumanie autrement, une vie différente de celle de la capitale. De magnifiques souvenirs !!!
Nous avons eu ensuite un deuxième garçon en août 2011, puis une troisième grossesse interrompue qui nous a encore plus rapprochés. La quatrième grossesse a été très stressante et nous a offert un troisième garçon en août 2015. La cinquième grossesse fût une réelle surprise qui nous a mis dans le doute. Mais quel bonheur aujourd’hui d’avoir laissé le destin, encore une fois, nous apporter un quatrième garçon en août 2017.

Ce sera notre dernier, puisque j’ai décidé alors de pratiquer une vasectomie.
Projets d’avenir et nouvelle vie
La vie s’ouvrait à nous avec un désir naturel de partir nous installer en Roumanie, définitivement. Mais, suite au décès soudain de mon beau-père en juin cette année, cette entreprise est pour l’instant en stand by.
Les premiers jours, semaines, mois de vie commune ont été dans trois langues, français, roumain et anglais. Les premières difficultés sont apparues lors de la première grossesse avec l’éloignement physique de la famille d’Adelina, malgré le soutien de ma mère et de ma sœur.
Adelina avait besoin de sa mère à ces côtés, ce qui était financièrement impossible pour chacune des parties. Mes mots, mes douces intentions, les appels visiophoniques qui sont arrivés, tout cela a permis d’améliorer son bien-être. Nous avons construit notre famille dans le respect des cultures et langues de nos deux patries : ni la Fance, ni la Roumanie n’est supérieure !
Une vie commune où chacun apporte sa spécificité, mais aussi son cœur
On apprend à nos enfants à connaître les atouts et les difficultés de chacun des deux pays. Ils sont tous bi-nationaux tout comme, Adelina depuis fin 2012. Il ne reste que moi, et je le serai un jour certainement, car, j’aime ce pays, sa beauté naturelle, ses châteaux divers, sa montagne, son littoral et surtout son peuple, qui me rappelle celui de ma naissance, dans le département du Nord.
Nous mixons quotidiennement les langues et la composition des mets lors des repas. Les enfants raffolent de Pâques qui durent plus longtemps entre les orthodoxes et les catholiques. Nos différents voyages entre nos deux pays, soit en avion, soit en voiture, nous ont permis de découvrir leur beauté, leur richesse tant culinaire que visuelle.
Nos cultures différentes nous permettent de mixer les plaisirs, nous mangeons aussi bien des couscous, des tartiflettes, des galettes de sarrasin, du pain perdu que des « sarmale, corbia de Burta, gratar (des viandes grilles) , mici, purée d’orties… ». De même, lors de petits bobos, nous utilisons pour nous soigner autant les recettes de grand-mères roumaines que françaises.
Quelques différences culturelles
Notre couple est basé sur le respect de l’autre et sur la discussion pour toutes les décisions. Je suis devenu artisan-taxi fin 2012 en accord avec Adelina, qui est mère au foyer. Il y beaucoup de choses à faire pour une superbe famille de 4 garçons. Mais même si je participe aux tâches, il est bon de reconnaître le travail de ma femme. Pour notre famille, pour nous tous, il faut inculquer à nos garçons, le respect envers leur mère pour ce qu’elle fait. En Roumanie, j’ai plus l’impression que les enfants et l’homme se reposent beaucoup sur la femme, et l’apprentissage des tâches n’est pas encore acquis.
Du fait de la séparation entre l’école primaire et le collège, l’entrée des enfants à l’école a été aussi une autre source d’incompréhension. D’après les souvenirs d’ Adelina, les écoles maternelles primaires et collèges sont un seul et même ensemble, ou du moins les bâtiments sont les uns à côté des autres. En France, les bâtiments sont souvent distants les uns des autres, engendrant des soucis pour déposer ou récupérer les enfants, quasiment tous en même temps. Les élèves ont, ou avaient le même professeur toute la primaire, or chez nous en France, chaque année, le professeur change. De même, nos élèves en collège changent de classe pour toutes les matières. Inversement en Roumanie. Hormis les enseignements spécifiques, ce sont les enseignants qui changent de salle.

Le plus précieux pour moi, dans la vie est évidement la famille. J’ai naturellement proposé à ma belle-mère de venir vivre avec nous dès qu’elle le souhaitera. Elle a, nul doute, besoin de nous dans ces moments difficiles. Mais nous aussi, nous avons besoin d’elle pour nous-mêmes et pour nos enfants. « ,
Stéphane Cartier pour le site Roomanies.com
Image à la une : Image par mohamed Hassan de Pixabay