Le gardien de la ville
Il se dresse fier et inébranlable, touchant presque les nuages qui viennent inonder les paysages roumains. Le plus grand de Roumanie, le château de Corvin (castelul Corvinilor/Huniazilor, en roumain) situé au sud-ouest de la Transylvanie, est un gardien paisible et fidèle de la ville de Hunedoara, qui se déploie à ses pieds.

Hunedoara connaît les premières transformations, qui mènent à la construction du château, à partir de 1440 : Jean Huniade (Ioan de Hunedoara, en roumain), voïvode de Transylvanie, souhaite alors transformer la forteresse en château. Aujourd’hui, propriété de l’État roumain, l’édifice a connu des époques de gloire, grâce aux souverains qu’il a abrités, le plus fameux étant Mathias Corvin (Matei Corvin, en roumain), roi de Hongrie.


Les légendes du château …
Nombreuses sont les légendes qui circulent en Roumanie, mais aussi au-delà des frontières, ajoutant du mystère et de l’éclat à l’imposante bâtisse.
La plus connue est sans doute celle du corbeau : on raconte que Jean Huniade était en réalité le fils illégitime du roi Sigismond de Luxembourg (roi de Hongrie, Germanie et Bohême). Ce dernier laissa à l’enfant un anneau d’or, pour qu’il puisse se faire reconnaître le moment venu.

Lors d’un déjeuner dans la nature, le bijou fût oublié sur une serviette. Un corbeau, ébloui par l’étincelante bague, s’envola l’emportant avec lui. Jean, encore enfant, prit son arc et tua l’oiseau, récupérant ainsi, son anneau. Adulte, à la cour du roi, il raconta cet épisode et Sigismond de Luxembourg décida que le symbole de la famille Huniade deviendrait, dorénavant, un corbeau portant un anneau dans son bec. Le corbeau est également symbole de longévité et sagesse, attributs représentatifs de la famille Huniade.
… et ses tours de défense
Les visiteurs peuvent arpenter les nombreux escaliers en pierre qui mènent aux sept tours du château : la tour de la porte ouest, la tour « Capistrano », la tour « déserte », celle de la porte est ou encore la tour « Neboisa », « des batteurs » et « de la massue », appelée aussi la tour « peinte », en raison des motifs géométriques présentés en spirale.

Certaines tours sont ornées de créneaux, d’autres encore mettent en évidence des éléments de style gothique, mais aussi de la Renaissance. Ce sont des constructions à but militaire, avec des murs très épais pour assurer la défense du château. Dans le temps, elles ont également abrité des pièces destinées aux dames de la cour, dans lesquelles, nous pouvons aujourd’hui admirer différents type de mobilier, mais aussi des splendides cheminées et voûtes caractéristiques du style gothique.
Entre effroi et somptuosité
Une salle de torture a également était aménagée : des instruments de torture, ainsi que des mannequins, sont mis en scène et ils effrayeront même les plus téméraires d’entre vous !
Le château compte aussi :
- des galeries et le palais administratif ;
- la « salle des demoiselles », où du mobilier, ainsi qu’un poêle traditionnel roumain, en terre cuite, peuvent être admirés ;
- le puits, qui enferme dans ses profondeurs la mystérieuse légende de trois prisonniers turcs;
- la cour des hussards (terme emprunté au hongrois « huszàr », le hussard est un chevalier) – elle a abrité les habitations des domestiques, les écuries, le cachot…
- la « loggia de Mathias » – un lit à baldaquin, un portrait du roi Mathias Corvin et une frise murale datant du XVe siècle font partie des pièces d’une grande beauté, qui enchantent les yeux des touristes ;
- le « Grand Palais », qui se divise en deux grandes salles : la salle « des chevaliers » et la salle « de la diète » – la première présente une série de colonnes octogonales, en marbre rouge, sur lesquelles sont représentés des motifs floraux, ainsi que les armoiries des familles Anjou et Corvin.
Hors du temps
A travers les différents éléments observés pendant la visite, il est fort de constater le lien indéfectible que l’édifice a avec la Hongrie et l’Autriche, de par des siècles d’histoire commune, mais aussi avec la France, dont la grandeur architecturale médiévale a inspiré la construction du château.
Un marché, ainsi que des expositions temporaires, qui ont lieu aux environs du château, accueillent le public désireux de découvrir la beauté des lieux et l’histoire de la belle Transylvanie.

« Les grands édifices, comme les grandes montagnes, sont l’ouvrage des siècles. […] Le temps est l’architecte, le peuple est le maçon. » (Victor HUGO).
Laura-Andreea TRICHARD